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eric zemmour - Page 5

  • Feu sur la désinformation... (351)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 : L'image de la semaine
      Emmanuel Macron a rencontré Joe Biden à Rome en marge du G20. Cette rencontre, pavée de bonnes intentions de réconciliation, s'est soldée pour Macron par une véritable humiliation. Retour en image sur ce fiasco diplomatique.
    • 2 : Zemmour face aux antifas
      Eric Zemmour a pris la parole face à un large public au Zénith de Nantes. Les antifas en ont profité pour organiser une manifestation sauvage dont la violence s'est dirigée sur la police. L'AFP (Agence France Propagande !) parle de manière mensongère de heurts entre pros et anti-zemmour. JY Le Gallou rétablit la vérité sur cet épisode d'actualité.

    • 3 : Revue de presse
    • 4 : Renaud Camus sur CNEWS, du jamais vu !
      Renaud Camus était l'invité d'Ivan Rioufol sur CNEWS. Il a parlé de ses thèmes sans langue de bois, ce qui n'a pas manqué de susciter l'ire des tartuffes, Caroline Fourest en tête...

     

                                            

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  • D'un délire idéologique à l'autre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gérard Dussouy cueilli sur Voxnr et consacré au déni du réel qui pèse sur l'Europe... Professeur émérite à l'Université de Bordeaux, Gérard Dussouy est l'auteur de plusieurs essais, dont Les théories de la mondialité (L'Harmattan, 2011) et Contre l'Europe de Bruxelles - Fonder un Etat européen (Tatamis, 2013).

     

     

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    Mosquée centrale de Cologne...

     

    D'un délire idéologique à l'autre

    De tous les bords en Europe, le déni du réel et le délire idéologique qui va avec l’emportent. Il est vrai que moins les hommes n’ont de prise sur la réalité et plus ils s’en remettent à des représentations mythifiées. C’est un constat vérifié depuis longtemps par les sociologues pragmatistes. D’un côté, Il y a tous ceux qui s’accrochent à leur vision universaliste et naïvement humanitaire, alors que la réalité du choc des civilisations et des empires s’impose à leurs yeux, et d’un autre côté, ceux qui entretiennent la nostalgie d’une souveraineté nationale perdue, et qui ne peut plus être parce qu’elle est déconnectée de la puissance.
    Le pic du délire du multiculturalisme, version postmoderne de l’universalisme, a semble-t-il été atteint en Allemagne. Après quelques autres villes allemandes, la bourgmestre de Cologne vient d’annoncer qu’à l’avenir, chaque vendredi, l’appel du muezzin à la prière lancé à tous les Musulmans, sera autorisé. Sous certaines conditions, et en fonction des quartiers, est-il dit. L’argument avancé est que la décision est commandée par la tolérance et l’équité et par la volonté d’aller vers une société plus homogène et plus fraternelle. Alors que ces autorisations sont clairement des capitulations sociétales, significatives, tout simplement, d’un basculement dans le rapport de force démographique en faveur de la composante musulmane (principalement turque) de la population allemande. Comme sa voisine la France et peut-être plus vite qu’elle, et de façon plus nette en raison du vieillissement plus accentué de sa population, l’Allemagne se transforme en une polyarchie ethnique. Soit une société où les communautés ethnoreligieuses font les votes et influencent la politique nationale (cf. l’attitude toujours passive ou consentante de l’Allemagne envers Erdogan, le dictateur turc). Il y a donc de quoi s’inquiéter pour la nation germanique quand on sait devant quelle crise démographique elle se trouve, et que les Musulmans ne représentent « encore » que 12% de la population d’une ville comme Cologne. Qu’en sera-t-il quand ce pourcentage aura augmenté, sinon explosé ?
    D’après Le Figaro, qui cite l’Institut de sciences sociales Insa-Consulere, 61% des Allemands se prononcent contre cette autorisation, qui fait tache d’huile, de l’appel musulman à la prière. Mais cette majorité reste bien silencieuse dans un pays où l’opinion est fortement conditionnée et où la repentance bat son plein. N’y voit-on pas la municipalité de la pourtant traditionnelle Munich envisager de débaptiser les rues portant les noms de Richard Wagner et de Richard Strauss soupçonnés du pire, c’est-à-dire d’avoir à leur manière, avec leur musique et les présupposés qu’elle colportait, fait le lit du nazisme… Rien de moins.

    Quant à la France qui s’enfonce dans le désordre communautaire induit par les politiques de laxisme migratoire conduites depuis cinquante ans , le débat public sur cette question vitale y devient plus vif, et plus ouvert, que chez sa voisine d’outre Rhin depuis quelques mois. Une première raison réside dans le triste et brutal spectacle permanent de ce désordre, dont la dénonciation fait le miel d’une chaîne de télévision privée (celles du service publique pratiquant au contraire l’omerta) dont le nouveau propriétaire a compris tout le profit qu’il pouvait en tirer en termes d’audience. Une seconde raison est la percée médiatique qu’effectue Éric Zemmour dans sa démarche présidentialiste en centrant son discours sur l’immigration et sur le déclin de la France. La justesse de son diagnostic, ses paroles sans circonvolutions et fondées sur une véritable culture à l’opposé de sa concurrente la plus à droite, en font dans le contexte actuel et face à un panel de protagonistes insipides, un excellent candidat de premier tour.
    Néanmoins, dans la perspective d’une victoire finale, le discours du polémiste, s’il entre dans l’arène électorale, est trop chargé de nostalgie. Car l’on ne construit pas l’avenir sur celle-ci (la France ne sera jamais plus celle de Louis XIV ou de Bonaparte). Mais au contraire sur des adaptations et des stratégies audacieuses. Il lui faudra donc se garder du délire souverainiste et ne pas prôner, comme nombre de ses partisans le souhaitent, le repli national. Il serait bien plus honorable et ambitieux pour la France, mais aussi bien plus adapté à un monde rempli de risques et d’hostilités, que de s’ériger en chef de file, car d’autres Etats suivraient, pour transformer l’Union européenne en une véritable puissance au service des peuples européens.
    On ne peut, bien entendu, préjuger du résultat du combat électoral à venir. Le passé incite à la prudence quant à tout pronostic et on se gardera bien d’en faire ici. Ce dont on peut, cependant, se réjouir à la lumière de ce que l’on observe, et à condition que cela dure, c’est au retour à la « guerre des dieux » de Max Weber, autrement dit à la guerre des représentations du monde qui marquerait le début de la fin de l’idéologie dominante.

    Gérard Dussouy (Voxnr, 25 octobre 2021)

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  • « Aucune élection, fût-elle présidentielle, ne peut créer les conditions de la véritable révolution dont notre peuple a besoin »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh-Info, dans lequel celui-ci donne son sentiment sur l'actualité récente, et notamment sur l'irruption d'Eric Zemmour dans la campagne présidentielle.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

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    Alain de Benoist : « Aucune élection, fût-elle présidentielle, ne peut créer les conditions de la véritable révolution dont notre peuple a besoin »

    Breizh-info.com : Alain de Benoist, tout d’abord, quel regard portez-vous sur l’ascension médiatico-politique d’Eric Zemmour à quelques mois de l’élection présidentielle ? Cette ascension n’est-elle pas le signe de l’échec définitif du Rassemblement national en politique ?

    Alain de Benoist : Toute campagne présidentielle en France a ses coups de théâtre et ses événements imprévus. Cette année, c’est le phénomène Zemmour. Je le regarde avec curiosité – mais aussi avec détachement, tant je reste convaincu qu’aucune élection, fut-elle présidentielle, ne peut créer les conditions de la véritable révolution dont notre peuple a besoin.

    Eric Zemmour est un ami, dont je connais la vaste culture politico-historique et dont j’admire la posture réfractaire et la pugnacité, ce qui ne m’empêche d’être en désaccord avec lui sur des points nombreux (son jacobinisme, sa critique de l’idée d’Empire, son parti-pris sans nuances pour l’assimilation, son hostilité aux prénoms régionaux, pour ne rien dire de la question des « racines chrétiennes »). Son ascension de « presque candidat » a été remarquable, puisqu’il semble être aujourd’hui en mesure d’empêcher Marine Le Pen d’arriver en tête au premier tour, voire de l’empêcher d’être présente au second. Cela dit, à six mois du scrutin, rien n’autorise à faire un pronostic. Zemmour peut très bien continuer à progresser, comme Macron en 2017, ou s’effondrer brusquement, comme Chevènement en 2002.

    Au départ, la candidature Zemmour a été soutenue, d’un côté par des républicains d’accord avec Marine Le Pen sur l’immigration, mais qui trouvent trop extrémistes ses positions en matière sociale, et par une farandole de déçus du Rassemblement national qui lui reprochent au contraire d’avoir excessivement voulu se dédiaboliser au risque de « banaliser » son discours, leur grand objectif étant, non pas d’empêcher la réélection de Macron, mais de « dégager définitivement Marine ». Le problème est évidemment qu’il est difficile de séduire durablement des gens qui trouvent cette dernière trop radicale et d’autres qui trouvent qu’elle ne l’est pas assez…

    Je pense par ailleurs que l’on aurait tort d’enterrer trop vite Marine Le Pen. En dépit de l’état lamentable du RN (mais à une présidentielle, on vote pour une personne, pas pour un parti), elle reste la candidate préférée des classes populaires. Zemmour, tout à son désir de « réinventer le RPR », dit vouloir réconcilier les classes populaires et la « bourgeoisie patriote » (ou fusionner la sociologie de la Manif pour tous et celle des Gilets jaunes), mais pour l’instant il ne touche pratiquement pas les premières, qui le connaissent en outre assez peu. Il l’a indirectement reconnu lorsqu’il a déclaré, le 22 octobre, que « Marine Le Pen n’a pour elle que des classes populaires, elle est enfermée dans une sorte de ghetto ouvrier et chômeur, qui sont des gens tout à fait respectables et importants, mais elle ne touche pas les CSP+ et la bourgeoisie ». Zemmour, lui, connaît surtout du succès auprès des anciens électeurs de Fillon et de Bellamy, des CSP+ et des cathos versaillais, c’est-à-dire auprès de cette petite et moyenne bourgeoisie qui craint pour son avenir et son identité parce qu’elle s’inquiète de son insécurité culturelle, mais très peu d’une insécurité économique qui est au contraire l’une des préoccupations majeures d’une « France périphérique » qui, comme l’a dit Marine Le Pen, « n’acceptera pas d’être sacrifiée à une vision ultralibérale de l’économie ».

    Il y a en fait deux façons bien différentes de concevoir la formation d’un nouveau bloc historique à vocation hégémonique : l’« union des droites » et ce que Christophe Guilluy ou Jérôme Sainte-Marie (Bloc contre bloc, 2019, Bloc populaire, 2021) appellent le « bloc populaire ». La première s’appuie sur un clivage droite-gauche qui n’a plus grand sens aujourd’hui, l’autre sur un rapport de classe qui s’affirme au contraire de plus en plus, au fur et à mesure que diminue le pouvoir d’achat et que se généralise la précarité. Ces deux manières de voir ne sont guère conciliables. A un moment où toutes les institutions qui fabriquaient hier du consentement sont entrées en état de crise systémique, il est difficile de prendre en compte les revendications des classes populaires, confrontées à la fois à la misère sociale et une immigration devenue immaîtrisable, et qui savent très bien que la question de l’identité nationale est indissociable de la question sociale, tout en s’employant à donner des gages aux patrons du CAC 40.

    Attendons donc encore six mois. On saura alors si Zemmour est parvenu à autre chose qu’à faire réélire Macron.

    Breizh-info.com : La politique tyrannique (officiellement sanitaire) mise en place par les autorités françaises se poursuit. La population française, dans sa majorité, semble avoir capitulé, tout du moins accepté, d’être réduite à présenter un code barre et une preuve de vaccination pour dîner en ville, aller au cinéma, etc. La soumission généralisée d’une population est-elle de tendance à vous inquiéter ?

    Alain de Benoist : Vous oubliez quand même qu’au cœur même de l’été dernier, à une période de l’année où aucun syndicat n’a jamais osé organiser une manifestation, on a vu des centaines de milliers de Français défiler semaine après semaine pour protester contre le passe sanitaire. Du jamais vu.

    D’un autre côté – je crois que nous en avons déjà parlé – il est clair qu’un grand nombre de gens sont prêts à abandonner leurs libertés quand ils croient leur sécurité ou leur santé menacée. La peur est le moteur premier de la servitude volontaire. Mais ce que vous interprétez en termes de soumission peut aussi s’interpréter en termes de résilience ou de pouvoir d’adaptation, sans que cela empêche la colère de gronder. La soumission généralisée, personnellement, je la verrais plutôt dans l’acceptation par les masses d’un système capitaliste qui est en passe de les déposséder de leur humanité.

    Breizh-info.com : Vous avez publié récemment « Survivre à la désinformation », livre qui compile et reprend vos entretiens donnés à Nicolas Gauthier sur le site « Boulevard Voltaire ». Comment s’informer correctement dans une société ouverte qui produit de l’information à chaque seconde ?

    Alain de Benoist : Il y a évidemment des sources d’information qui sont meilleures que d’autres. Inutile d’en faire l’énumération (Breizh-Info y aurait bien sûr sa place). Mais l’important n’est pas tant de savoir quelle quantité d’informations on absorbe que de savoir en évaluer l’importance. Le drame est que les médias actuels, du fait même de leur structure, interdisent de plus en plus de hiérarchiser les informations, et surtout d’en comprendre le sens et la portée. Montrer que les événements susceptibles d’avoir une véritable portée historique ne sont pas nécessairement (et sont même rarement) ceux dont on parle le plus est précisément l’un des objectifs de ce recueil.

    Breizh-info.com : Finalement, quelle différence peut-on faire entre la personne sous-informée – c’est-à-dire celle qui ne regarde que le JT de 20 h ou ne lit que quelques extraits d’un quotidien régional – et la personne qui a la tête dans l’information toute la journée, à ne plus pouvoir prendre du recul dessus ?

    Alain de Benoist : En fin de compte aucune. La première ne sait pas grand-chose, la seconde a entendu parler de tout mais n’y comprend rien. L’excès d’informations est parfaitement équivalent à l’absence d’informations, du fait d’un phénomène de contre-productivité dont Ivan Illich a donné bien d’autres exemples.

    Breizh-info.com : Pour s’élever un peu et évoquer l’Europe et son avenir, comment analysez-vous les offensives de plus en plus violentes des commissaires de Bruxelles vis-à-vis des pays d’Europe centrale, Pologne et Hongrie en tête ? Pensez-vous que l’Union européenne puisse possiblement exploser, ou se scinder en deux ?

    La Commission de Bruxelles ne supporte pas ce qu’elle présente invariablement comme des « atteintes à l’Etat de droit ». Cela n’a rien d’étonnant, puisqu’elle est l’un des vecteurs d’une idéologie dominante qui voit dans l’Etat de droit un moyen de soumettre le politique à l’autorité des juges et la souveraineté populaire à la morale des « droits de l’homme ». Les pays de l’Est, de leur côté, ont découvert que le « monde libre » qui les avait fait rêver à l’époque communiste est d’autant moins un exemple à suivre qu’il peut aussi constituer une menace. Dans la polémique que vous évoquez, la Pologne et la Hongrie ne sont pas isolées puisque le 7 octobre, pas moins de douze pays-membres (Autriche, Bulgarie, Chypre, Danemark, Estonie, Grèce, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) ont tenté de faire adopter un texte visant à ce que la Commission finance la construction de murs ou de clôtures de barbelés aux frontières extérieures de l’Union. Cette demande a bien entendu été rejetée, mais elle n’en reste pas moins significative.

    On pourrait certes voir dans le groupe de Visegrád l’amorce d’une « autre Europe ». C’est un espoir raisonnable, mais il ne faut pas se dissimuler que les pays qui en font partie sont loin d’être d’accord sur tout. En matière de politique étrangère, par exemple, la Pologne continue de s’aligner aveuglément sur les États-Unis et professe une russophobie que la Hongrie ne partage pas. Il ne faut pas oublier non plus que la Pologne a beaucoup à perdre dans une épreuve de force avec l’Union européenne, car elle est actuellement la principale bénéficiaire des fonds européens. Plus qu’à une explosion, j’ai tendance à croire à une implosion de l’UE qui aboutirait à une dislocation de fait.

    Breizh-info.com : En France, dans cette hypothèse, nous nous retrouverions alors sans doute dans le camp occidental… c’est-à-dire pas franchement le camp des défenseurs de l’Europe civilisation… Que faire alors demain pour maintenir les ponts fondamentaux ?

    Alain de Benoist : Le risque de se retrouver dans le « camp occidental » me semble surtout considérable dans le bras de fer qui oppose actuellement Washington et Pékin, et qui pourrait très bien aboutir un jour ou l’autre à un conflit armé entre une hyperpuissance américaine déclinante et une puissance montante chinoise qui ne cesse de s’affirmer. Les Etats-Unis manœuvrent déjà pour reconstituer contre la Chine une « coalition occidentale » semblable à celle qui visait à contenir l’Union soviétique à l’époque de la guerre froide. En cas de guerre, la plus grande erreur pour les Européens consisterait à s’aligner sur Washington, au lieu d’adopter pour le moins une attitude de neutralité. L’Europe n’a pas vocation à faire la guerre aux Chinois !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-info, 27 octobre 2021)

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  • Le militantisme moral ou la gangrène de la politique française ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexandre Page, cueilli sur Tysol et consacré au besoin pour la France de politiciens en prise avec leur peuple. Alexandre Page est docteur en histoire de l’art et écrivain.

     

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    Le militantisme moral ou la gangrène de la politique française

    Compte tenu de l’omniprésence de son nom dans les médias, il faudrait vivre sur une autre planète pour ne pas avoir entendu parler du dernier séisme des sondages électoraux pour les présidentielles de 2022 : Éric Zemmour, candidat même pas encore déclaré et soutenu par aucun parti serait au second tour des élections présidentielles avec au moins 17 % de promesses électorales.

    Ce séisme n’est cependant pas le plus notoire. Ce qu’il convient de retenir, c’est que ce score n’est pas si éloigné de celui de toute la gauche réunie, et qu’en s’ajoutant à ceux de toute la « droite dure », il représente allégrement le tiers de l’électorat décidé à voter en avril 2022.

    Toutefois, ce que ce sondage traduit, c’est d’abord la lassitude des Français à l’égard des appareils politiques, même celui du président qui avance sous son seul nom lorsque LREM est renvoyé aux oubliettes. Une raison est assez facile à trouver. En vérité, il n’y a plus en France beaucoup de politiciens, espèce qui s’éteint et qui — je m’en expliquerai ci-après — a subi une mort progressive venue de la gauche avant de gagner la droite. Cette maladie qui a tué les politiciens français au fil du temps pour n’en laisser aujourd’hui qu’une faible poignée s’appelle le militantisme moral. Cette notion apparue dans les années soixante se distingue du militantisme politique dans le sens où il repose essentiellement sur des concepts d’ordres humanitaires, sociaux, écologiques, dans une vision à priori trans-partisane et universelle. En soi, ce n’est pas mauvais, mais par définition, le militantisme moral ne fait pas bon ménage avec la politique, un peu comme le chlore avec le nitrate d’ammonium, et aujourd’hui les politiciens français ont laissé place à des militants se prenant pour des politiciens.

    La différence entre le militant et le politicien est fondamentale, car le militant défend une cause, des valeurs auxquelles il tient plus que tout et qu’il va servir utilement dans des associations, des organismes, des fondations… Un politicien, à l’instar de toute autre personne s’engageant à servir l’État, se met au service de son pays, de sa population et doit traduire dans ses actes ce qui ressort du débat démocratique. Pour cela, il doit mettre de côté ses propres dogmes, ses utopies, sa vision du monde, car il est un instrument et non un combattant (définition originelle du militant). Un militant peut être utopiste, un politicien doit être réaliste ; un militant peut vivre en théorie, un politicien doit être pragmatique ; un militant est là pour changer les choses, un politicien est là pour répondre au peuple devant lequel il est redevable. C’est là un principe assez simple à comprendre, mais il s’avère qu’aujourd’hui l’essentiel de nos hommes politiques — et les femmes ne font pas exception, en dépit du sacro-saint génie féminin que nous vantent certaines féministes — est militant. Ils ne sont pas dans la réalité, ils ne sont pas pragmatiques, ils ne se sentent redevables devant personne de leurs actions. Ils sont utopistes, vivent en théorie et se croient tout permis. C’est un phénomène qui est d’abord né à l’extrême gauche avec le décalage croissant entre la réalité du monde et les propos et programmes politiques du NPA, de Lutte ouvrière ou encore du Parti communiste. Ils ne veulent pas se mettre à jour des réalités du monde et restent enferrer contre vent et marée dans leur utopie. Ils ne cherchent pas à écouter les Français, à répondre à leurs problèmes, mais à défendre leur vision du monde déphasée par rapport à la réalité. Ce phénomène a progressivement contaminé toute la gauche et effondré les scores des partis les uns après les autres jusqu’à réduire le PS, jadis invité traditionnel du second tour des présidentielles, à 4 %. Puis il a mangé et mange encore le centre, amalgamé à ce fourre-tout nommé « majorité présidentielle », et la droite qui ressemble fort au noyé tentant de se débattre pour survivre, mais tout proche de voir ses dernières forces le lâcher. Toutes ces chutes, ces dégringolades, viennent du même mal : ces partis ont perdu leurs politiciens troqués contre des militants. Cette situation explique d’ailleurs l’impuissance actuelle de tous à contrer l’ascension d’Éric Zemmour, alors même qu’il semble prêter le flanc avec un programme en délicatesse sur un certain nombre de sujets (culturel, écologique, diplomatique…). Elle explique plus généralement l’appétence des Français pour les candidats souverainistes de droite dure. Comment un homme politique réagirait-il face à cette ascension ? Il chercherait sans doute à comprendre l’origine de ces votes. En en comprenant l’origine, il chercherait ensuite à répondre politiquement par des propositions qui donneraient des solutions aux problèmes et aux réclamations des Français. Enfin, il appliquerait en homme politique le programme qu’il a promis, car il ne se prend pas pour une diva redevable de rien devant personne. Ça, c’est ce que ferait un homme politique, mais pas un militant déguisé en homme politique. Le militant, face à ces votes, va d’abord pleurnicher, s’alarmer, gronder, se répandre en sentiments shakespeariens dans les médias. C’est, par exemple, la « nausée » d’Anne Hidalgo. Les émotions marchent très bien en matière de militantisme moral dans les ONG, dans les associations, dans les fondations, mais en politique, queue de cerise ! Ensuite, le militant va rester enferrer dans ses idées, dans ses dogmes, il est indéboulonnable, même lorsque les sondages lui prédisent un score tel qu’il ne remboursera pas ses frais de campagne. Les Français ne le suivent pas, mais ce n’est pas grave, il croit toujours que son programme dogmatique est ce qu’ils attendent. Là encore, les gens aiment le militant de Greenpeace qui sur sa barque se met devant les baleiniers géants, mais en politique, ils veulent qu’on écoute et qu’on réponde à leurs problèmes. Enfin, le militant, si par miracle il est élu, par exemple en ayant compris les deux premiers points, va vite jeter son programme en carton-pâte à la poubelle et faire non pas ce que les Français veulent, mais ce qui correspond à sa vision personnelle de ce que doit être le pays et la vie des Français.

    Ainsi, l’homme politique va comprendre que le succès d’Éric Zemmour ou de Marine Le Pen vient probablement de leurs propositions, des sujets qu’ils abordent, des problèmes qu’ils soulignent voire surlignent au marqueur jaune indélébile. Le militant, lui, ne cherche pas à comprendre. Il ne veut rien entendre et s’enferre dans son déni ou son utopie en disant publiquement que « Les Français n’ont rien compris » et secrètement que ce sont de gros cons fachos (et parfois ils le disent également en public).

    Le militant veut imposer sa vision du monde aux Français, un homme politique va construire le monde avec les Français et donc nécessairement devoir les écouter, leur répondre et mettre en œuvre ce qu’ils réclament. Prenons un exemple. Récemment un sondage montrait que 92 % des Français étaient favorables à la perpétuité réelle. Les Français de manière générale sont pour une justice beaucoup plus sévère. Un homme politique n’a pas à faire autre chose que de répondre présent sur ce sujet et de donner satisfaction par des mesures allant en ce sens. Pourtant, entre le déni des uns sur le laxisme judiciaire et les promesses jamais tenues des autres qui ont pris part à l’exercice du pouvoir, force est de constater que le sujet n’est vraiment abordé que par la droite radicale. Alors peut-être que les Français ont tort sur le laxisme judiciaire, mais il n’y a pas de fumée sans feu, et si autant réclament plus de sévérité, ça vient sûrement d’une expérience concrète. Peut-être de cet homme qui insulte les policiers, vole du matériel aux pompiers et écope d’un affreux vilain méchant stage de citoyenneté en retour ! C’est là un exemple entre mille autres.

    Alors bien sûr, on taxe du gros mot de « populistes » ceux qui répondent au peuple, qui disent au peuple ce qu’il veut entendre, mais c’est la moindre des choses en démocratie alors que le peuple est souverain. Si Éric Zemmour ou Marine Le Pen progressent dans les sondages, ce n’est pas en inventant les problèmes des Français. Si c’était si simple, avec tous ceux que la gauche « woke » leur inventent, Sandrine Rousseau serait déjà présidente. Ils répondent à des problèmes que les Français posent à tous et que tous écoutent, mais en omettant trop souvent la réponse.

    Prenons un autre exemple, celui de la question migratoire. Depuis plusieurs années des sondages se succèdent à ce sujet. En 2013, un sondage Ipsos avait ainsi relevé que 7 Français sur 10 estimaient qu’il y avait trop d’étrangers en France. Plus récemment, deux sondages sont venus confirmer qu’il n’y avait pas de changements notables sur ce sujet : 6 sur 10 sont favorables à un référendum pour limiter l’immigration, 4 sur dix seraient même favorables à une immigration zéro.

    Alors peut-être que les Français ont tort encore une fois, mais en vérité, l’immigration est surtout ce qu’on en fait et on peut peut-être concevoir qu’aujourd’hui il y a des problèmes considérables qui ne sont pas réglés. Le chiffre ridiculement petit des expulsions de citoyens étrangers du sol français pourtant actées par la justice française en est un exemple. Un homme politique, un véritable, ne chercherait pas à nier ces problèmes au prétexte que ça contreviendrait à sa vision idyllique de l’immigration et de ses bienfaits et que ça pourrait le maquiller d’un mascara facho. Un militant par contre, ou un militant déguisé en homme politique, chercherait à les nier, car pour lui l’immigration c’est forcément bien, c’est forcément génial, il n’y a aucun souci, tout baigne pour le mieux dans le meilleur des mondes, et les Français qui ne pensent pas cela sont soit des fachos, soit des abrutis. Le militant est dans le déni, car la réalité heurte ses valeurs et ses convictions, jette dans la tempête son utopie.

    Être politicien, un vrai politicien, et sûrement Éric Zemmour ne l’ignore-t-il pas pour en avoir connu une flopée, c’est toujours se souvenir qu’en démocratie, le peuple est souverain. Il est l’armateur du navire qui nomme son capitaine et son équipage en choisissant la route qu’ils doivent prendre. Certes, la démocratie française est bien malade et sûrement beaucoup de politiciens oublient-ils cette réalité à cause de ça, mais elle subsiste, là, sous-jacente, prête à ressurgir. Être militant, c’est s’enfermer dans sa vision dogmatique, contre vent et marée, avec la conviction que la vision que l’on porte est la bonne et en niant bien souvent les réalités contraires. Mais si le capitaine va en Amérique quand l’armateur lui demande d’aller en Afrique du Sud, alors l’armateur change le capitaine et l’équipage. Trop de politiciens aujourd’hui se prennent pour des armateurs, oublieux de leur rôle car devenus complètement hermétiques aux réalités de leur pays, aux ressentis de leur peuple.

    Je conclurai cette déjà longue réflexion politique en soulignant qu’il est bien triste dans une prétendue démocratie de devoir se fier à des sondages plutôt qu’à des référendums pour prendre le pouls de l’opinion des Français. Neuf référendums sous la Ve République née en 1958… En 2019, 73 % des Français en réclamaient un dixième dont 71 % s’exprimaient pour un référendum sur le pouvoir d’achat. Voilà nos candidats à la présidentielle dûment informés, à eux de voir si leur dogmatisme l’emportera sur la seule et unique réponse logique qu’ils doivent promettre et mettre en œuvre au service des Français à ce sujet.

    Alexandre Page (Tysol, 18 octobre 2021)

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  • Feu sur la désinformation... (349)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 : Zemmour a la presse en ligne de mire !
      Eric Zemmour s'est déplacé au salon Milipol, un évènement dédié à la sécurité intérieure. Il a eu l'occasion de prendre en main un fusil de précision avec lequel il a tenu les journalistes en joue sur le ton de la blague. Les journalistes en sont restés blafards et Marlène Schiappa a réagi.
    • 2 : Le prétendu "massacre du 17 octobre" est un bobard !
      Chaque année, les médias relaient le récit forgé de toute pièce du "massacre du 17 octobre 1961", selon lequel les policiers français auraient tué 200 algériens et en auraient jeté une bonne partie dans la Seine. Jean-Yves Le Gallou dézingue ce bobard historique !

    • 3 : Revue de presse
    • 4 : Les séries Netflix : une influence destructrice sur les adolescents
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  • Union européenne : taper du poing sur la table, avant de la renverser !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Derey, cueilli sur Polémia et consacré à la possibilité d'une politique de force de la France vis-à-vis de l'Union européenne pour imposer des choix politiques hétérodoxes...

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    Union européenne : taper du poing sur la table, avant de la renverser !

    Les critiques de l’Union européenne sont omniprésentes à droite, mais les mesures de sortie des traités sont peu populaires. Éric Zemmour, en conférence à Toulon vendredi 17 septembre, estimait qu’il n’est pas question de sortir des traités, mais de cesser d’être « les bons élèves de l’Europe ». À Lille le 2 octobre, il appelait à lancer un ultimatum à Bruxelles, « tenir tête1 ». Détaillons cette position : existerait-il une alternative au Frexit pour la France afin de défier la bureaucratie bruxelloise ? Est-ce possible de désobéir à Bruxelles sans sortir de l’Union européenne ?
    Nous allons étudier et proposer une posture aussi radicale que crédible dans le contexte de la prochaine élection présidentielle ; politique esquissée par certains candidats déclarés. Quelques exemples pour comprendre où se trouve le véritable nœud gordien à trancher, et pourquoi il s’agit des juges français.

    Le mirage de la sortie de l’UE : un Brexit pour une « Global Britain »

    Derrière les critiques eurosceptiques des institutions européennes se cache un problème humain bien plus qu’économique ou juridique. Le Brexit en est une parfaite illustration : si les Britanniques n’ont pas plébiscité le Remain, c’est avant tout par préoccupation du contrôle des frontières et par volonté de reprendre le contrôle sur la politique d’immigration du pays2. C’est chose faite, puisque Boris Johnson propose finalement une politique migratoire plus « ouverte » que jamais : le 13 juillet 2019, il déclarait vouloir régulariser le statut de tous les sans-papiers présents sur le territoire, soit 500 000 rien qu’à Londres; il déclarait de même en juin 2020 vouloir offrir la nationalité britannique à trois millions de Hongkongais à la suite des velléités chinoises sur l’île4. Ces deux mesures de régularisation massive représenteraient près de 6 % de la population britannique…

    La mise en lumière des responsabilités de l’Union européenne et ses satellites ne doit pas conduire à déresponsabiliser les électeurs de ses États membres. Membre des traités européens ou non, une classe politique cosmopolite poursuit une politique cosmopolite. Le “problème européen” est humain et non institutionnel, en premier lieu, les classes politique et judiciaire françaises sont d’abord à blâmer. Michel Barnier déclarait jeudi dernier à propos de la politique migratoire à mettre en œuvre : « Nous ne pouvons pas faire tout cela sans avoir retrouvé notre souveraineté juridique, en étant menacés en permanence par d’un arrêt ou d’une condamnation de la Cour de justice européenne ou de la Convention des droits de l’homme, ou d’une interprétation de notre propre institution judiciaire5. » Derrière sa critique de la CEDH et de la CJUE, il livre une vérité que l’auteur du Coup d’État des juges6 connaît bien : “notre propre institution judiciaire” serait un frein égal à une réforme des politiques migratoires que les Cours européennes.

    La bureaucratie bruxelloise, miroir parfait des États membres

    Il faut d’abord comprendre que les représentants européens des États membres… sont avant tout nommés par les États membres ! En effet, un bref rappel de la nomination du personnel européen dans les différentes institutions s’impose afin de montrer que l’Europe des nations, c’est bien celle en place actuellement. En résumé, les institutions européennes « qui comptent » sont composées par les États membres (voir cet article pour une présentation détaillée des institutions européennes, la nomination de leurs membres, et leurs pouvoirs). En bref, les membres de la Commission sont proposés par les États membres et approuvés par le Parlement européen, les membres du Conseil européen et du Conseil de l’Union européenne sont les membres du gouvernement des États membres, même les juges de la CJUE et de la CEDH sont présentés par les États membres…

    Même les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ne sont contraignants que par un choix des juges français. Ces derniers sont le principal obstacle à la menée d’une politique patriote. Les membres des institutions européennes sont à l’image des pays qui les composent, en sortir ne garantit donc aucunement de ne plus subir ses effets.

    La résistance européenne en action

    Il serait dommage d’abdiquer le jeu de la politique européenne sans l’avoir joué. Il s’agit de quitter le légalisme, et de rentrer dans la politique, l’arène des rapports de force. Quelques exemples de résistances au rouleau compresseur du politiquement correct occidental et aux juges supranationaux afin de montrer que l’UE n’est que le « léviathan » que nous voulons voir en elle :

    • Les partis de gouvernement et d’opposition en Slovaquie se mettaient d’accord en novembre 2016 pour augmenter le seuil de pratiquants au-delà duquel une religion est reconnue par ce pays (de 20 000 à 50 000), afin de restreindre l’islam. La Slovaquie est un des pays européens les plus restrictifs en la matière, il ne comporte à ce jour toujours aucune mosquée sur son territoire, et ne semble pas décidé à changer7: « L’islam n’a pas sa place dans ce pays », ajoutait l’ex-Premier ministre Robert Fico en mai 20168.
    • En Estonie, la Constitution en vigueur (votée par référendum en 1992) prévoit dans son préambule que l’État « est établi sur le droit inextinguible du peuple estonien à l’autodétermination nationale […] qui garantira la préservation de la nation estonienne et de sa culture à travers les âges […]». Dénoncé comme « ethno-nationaliste9 », le préambule utilise en effet les concepts de nation estonienne (eesti rahvus) et de peuple estonien (Eesti rahvas) ; « eesti ravus » signifiant nation, au sens ethnique. Il y a donc la nation ethnique et la nation civique en Estonie, ce qui permet à certains chercheurs de qualifier l’Estonie, et parfois la Lettonie, de « démocratie ethnique » ; parmi ces chercheurs le sociologue israélien Sammy Smooha, inventeur de ce terme. Ce pays d’environ 1 300 000 habitants a beau déplaire au Conseil de l’Europe10, à l’ONU11 et à la Commission européenne12, son État a toujours pour but la préservation de la nation ethnique estonienne.
    • En Allemagne, la Cour suprême fédérale de Karlsruhe tapait sur les doigts de la Banque centrale européenne concernant ses programmes de rachat d’actifs en mai 202013. En effet, les juges avaient exigé dans leur arrêt que la BCE justifie ces rachats par rapport à son mandat (principe d’attribution), alors même que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) validait en 2018 cette procédure de rachat de dette publique. Il s’agit d’une remise en cause retentissante de la primauté du droit européen sur les droits nationaux, qui a entraîné une procédure d’infraction de la Commission européenne en juin 202114 (« Un grave précédent», selon elle). Le gouvernement allemand annonçait en août 2021 « rejeter » cette procédure d’infraction, estimant que la Cour constitutionnelle fédérale n’avait nullement méconnu le droit européen15.
    • Toujours en Allemagne, la même Cour suspendait en mars 2021 la ratification du plan de relance de l’UE pourtant voté par le Parlement allemand, en raison d’un recours pour inconstitutionnalité. Ce recours, rejeté le mois suivant par les juges allemands16, montre cependant qu’un poids lourd de l’UE peut rappeler la primauté de son droit, lorsque ses juges le
    • La Hongrie et la Pologne, ont bloqué plusieurs semaines le plan de relance européen subordonné au respect de « l’état de droit » jusqu’en décembre 202017, remportant une victoire en demi-teinte, car ne « pesant » pas autant que leurs voisins de l’Ouest.

    Enfin, un exemple contraire, afin de montrer que dans l’UE, tout n’est que rapport de force : la Commission européenne annonçait en août 2021 vouloir retirer des subventions européennes à des régions polonaises en raison de leur résistance à la promotion de l’idéologie LGBT. Ces petites régions, fortement dépendantes des fonds européens, se sont couchées une par une quelques semaines plus tard à la suite de ce chantage18. Éric Zemmour, en « meeting » à Lille le 2 octobre, expliquait que la France doit « tenir tête à la Commission de Bruxelles et aux juges européens […]. Nous ne devons pas craindre les rodomontades et les crises d’hystérie de la Commission », car, contrairement à la Pologne, la France n’est pas dépendante des fonds européens, étant contributrice nette au budget de l’UE. Un atout de taille qui fera la différence avec la Hongrie, explique le journaliste. Cette position, qui rappelle le « plan A négociations » et le « plan B Frexit » de Jean-Luc Mélenchon en 2017, semble la meilleure en l’état actuel.

    Perspectives pour 2022 : que la France « tienne tête »

    Nous attendons donc le réveil d’un État fondateur de l’UE qui appuierait les États conservateurs de l’Est. La France pourrait être cet État conservateur, mais Michel Barnier rappelle que nos propres juges sont un frein à une politique patriote, au moins autant que les juges européens. Si le Conseil constitutionnel consacrait en 200619 la supériorité de « l’identité constitutionnelle de la France » contre les directives européennes allant à son encontre, les juges de la rue de Montpensier, menés par Laurent Fabius, sont aujourd’hui peu prompts à affirmer cette identité française : Éric Zemmour a raison de vouloir brider cette institution par une réforme constitutionnelle20.

    Peut-être faudra-t-il sortir la France de l’Union européenne et des autres traités, peut-être d’autres États membres21 le décideront avant nous. Cependant, ces mesures sont majoritairement rejetées par les électeurs du fait de la propagande gouvernementale, d’un sentiment européen diffus mais réel, et surtout de la peur justifiée de telles mesures. La France n’a pas encore tenté la moindre opposition sérieuse en politique européenne, il est urgent que le camp identitaire s’empare de cette question et porte au pouvoir au niveau local et national le changement qu’il souhaite imposer à l’international.

    Au risque d’être répétitif, la droite nationale doit tenter ce qui ne l’a en réalité jamais été au niveau européen : taper du poing sur la table, avant de la renverser. Ce n’est qu’après un possible quinquennat patriote entraînant enfin du ménage dans les institutions françaises d’abord, européennes ensuite, qu’il faudra se poser la question de la sortie des traités. Sans cela, l’incantation mystique d’un Frexit tourné vers l’Afrique sonnera comme ce qu’il apparaît être aux yeux des Français : un reniement de leurs racines, mais surtout une très mauvaise idée.

    Paul Derey (Polémia, 15 octobre 2021)

    Notes :

    1 Éric Zemmour en conférence à Lille, YouTube, 2 octobre 2021.

    2 « Brexit : les motivations de ceux qui l’ont voté », Jean-Christophe Catalon, La Tribune, 28 octobre 2016.

    3 « Régularisation, système à points… Boris Johnson veut revoir la politique migratoire britannique », Bahar Makooi, InfoMigrants, 29 juillet 2019.

    4 « Le pari fou de Boris Johnson », Anthony Bellanger, France Inter, 4 juin 2020.

    5 « La classe politique divisée après les critiques de Michel Barnier contre la justice européenne », Alexis Feertchak, Le Figaro, 12 septembre 2021.

    6 Zemmour (Éric), Le Coup d’État des juges, Grasset, 1997.

    7 « Slovakia bars Islam from becoming state religion by tightening church laws », Gabriel Samuels, The Independent, 1er décembre 2016.

    8 « Robert Fico: “Islam has no place in Slovakia” », Vince Chadwick, Politico, 26 mai 2021.

    9 « Preamble of Estonian Constitution: strive towards ethnic favoritism? », International Centre for Ethnic and Linguistic Studies, 9 avril 2018.

    10 « ECRI – Report on Estonia », European Commission against Racism and Intolerance (ECRI), Council of Europe, 2015.

    11 « Report of the Special Rapporteur on contemporary forms of racism, racial discrimination, xenophobia and related intolerance – Mission to Estonia », Human Rights Council of the United Nations, 17 mars 2008.

    12 « The meaning of racial or ethnic origin in EU lax: between stereotypes and identities », Lilly Farkas, European network of legal experts in gender equality and non-discrimination, European Commission, 2017.

    13 « L’arrêt du 5 mai 2020 de la Cour constitutionnelle fédérale d’Allemagne concernant le programme PSPP de la Banque centrale européenne », Jean-Claude Zarka, Actu juridique, 3 juillet 2020.

    14 « L’Allemagne dans le collimateur de l’UE, l’arrêt de la Cour constitutionnelle constitue un “grave précédent”! », Capital, 9 juin 2021.

    15 « Germany rebuffs EU legal move against Germany over ECB ruling », Reuters, 10 août 2021.

    16 « Feu vert de la justice allemande au plan de relance européen », Armelle Bohineust, Le Figaro, 21 avril 2021.

    17 « Plan de relance européen : la Pologne et la Hongrie se disent prêtes à lever leur veto », Virginie Malingre, Le Monde, 10 décembre 2020.

    18 « Quatre régions polonaises cèdent au chantage LGBT », Visegrád Post, 29 septembre 2021.

    19 Décision n° 2006-540 DC, Conseil constitutionnel, 27 juillet 2006.

    20 Éric Zemmour chez Pascal Praud, « L’heure des pros », CNews, 13 septembre 2021.

    21 « Still unpopular among the public, Polexit is no longer a taboo for the Polish right », Olivier Bault, Visegrád Post, 11 septembre 2021.

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